Les risques financiers
L ’analyse des risques financiers
Il y a risque financier quand l’une des deux parties de la transaction a exécuté (de façon irrévocable) ce qui lui revient sans recevoir la contrepartie. Des deux parties (legs) dont se compose la transaction, une seule a été réalisée. Certaines opérations font intervenir deux systèmes de paiement (opérations sur titre et opérations de change). L’un des opérateurs peut avoir effectué le paiement (cash) ou la livraison (titres) sur un des systèmes sans recevoir la contrepartie (cash ou titre) sur l’autre système.
Le risque de crédit
Il y a risque de crédit ou risque de contrepartie quand les deux « legs » qui forment l’exécution d’un ordre de paiement, à savoir le débit du compte de la banque débitrice et le crédit de la banque créditrice, sont séparés par un certain laps de temps (asynchrones seulement). L’ordre de paiement est bien accepté par le système (il remplit les conditions), mais le règlement final intervient plus tard. Dans ce laps de temps – entre l’acceptation et le règlement – la banque créditrice est en risque. Si la banque émettrice suspend ses paiements après l’acceptation du paiement mais avant le règlement final, la banque bénéficiaire est pénalisée. Elle a introduit dans ses prévisions de trésorerie une créance qui va lui manquer pour équilibrer sa position auprès de la banque de règlement.
Le risque de crédit d’un participant peut s’étendre aux autres participants et se transformer en risque systémique. La liquidité manquante empêche le dénouement de la compensation et du règlement. La position de trésorerie de chaque participant doit être recalculée. Des banques créditrices se retrouvent débitrices. Il leur faut trouver de la liquidité (à un coût pénalisant) pour rétablir la situation de leur compte de clearing auprès de la banque centrale sur la base des nouvelles données. Si toutefois elles réussissent à trouver une contrepartie dans un contexte aussi perturbé.
Le risque de liquidité
Le risque de liquidité intervient quand l’un des participants n’est pas en mesure de faire face à ses obligations : il peut faire les fonds mais pas au
moment voulu. Il n’y a pas de risque de solvabilité, mais il se trouve que la liquidité nécessaire à la compensation des ordres et à leur règlement n’est pas disponible. Le risque de liquidité peut être individuel ou collectif : dans un cas, une banque participante est défaillante, dans l’autre c’est le marché qui n’est pas en mesure de fournir les liquidités requises pour équilibrer les échanges interbancaires (fuite des capitaux, réglementation des changes).
Comme le risque de crédit, la cause du défaut de liquidité est – du point de vue du système de paiement – indifférente : la suspension des paiements est une mesure technique, la mise en faillite est une sanction juridique. L’opérateur du système ou la banque de règlement se contente de constater qu’un des participants n’est pas en mesure de remplir ses obligations. La plupart des législations bancaires – comme les statuts des systèmes de paiement – prévoient un délai entre la suspension des paiements et le retrait momentané ou définitif du système, afin de se réserver la possibilité de faire jouer les mesures de sauvegarde et de réintégrer la banque défaillante s’il s’agit d’un simple incident technique. En revanche, une mesure de suspension doit être prise dans l’urgence si l’on veut conserver une chance de sauver l’ensemble du système.
Il existe une variété de risque de liquidité interne aux systèmes de paiement : le risque de blocage (gridlock). Ce risque est particulièrement pervers car il porte sur des comportements panurges. La liquidité a un coût (coût de refinancement, coût d’immobilisation du collatéral, coût d’opportunité). Aussi les banques participantes ont intérêt à différer l’émission de leurs ordres de paiement afin de bénéficier des ordres émis par les autres banques en leur faveur avant d’émettre leurs propres ordres de paiement. Elles profitent de la liquidité générée par le système sans y contribuer.
Tout le monde attend tout le monde et le système se trouve paralysé faute de liquidité. Depuis les accords de Bâle de 1988, les banques sont tenues de maintenir un ratio de capitalisation suivant la nature des postes du bilan. Chaque recours au crédit se traduit par une consommation de fonds propres (qui pourraient être consacrés à des activités plus rémunératrices). Il est donc naturel que les banques participantes cherchent à reporter le coût de la liquidité sur les autres participants en différant l’émission de leurs ordres de paiement, au risque de bloquer tout le système.
Le risque de contrepartie (risque de crédit et risque de liquidité) ne se limite pas à l’une des deux parties de la transaction. Une banque sous- compensatrice doit tenir compte du risque de contrepartie de la banque de compensation chargée d’exécuter ses paiements pour son compte mais à ses risques. Le risque de contrepartie s’applique également à l’organisme de compensation et à la banque de règlement. Les organismes de compensation sont de plus en plus des organismes privés. Il en est de même pour les systèmes utilisant les services d’une banque de règlement autre que la banque centrale (comme la CLS Bank).
Le risque de contrepartie d’une banque centrale est quasi nul, dans la mesure où une banque centrale est la seule institution autorisée par la loi à créer des liquidités sans contrepartie (monopole d’émission de la monnaie ayant le statut de légal tender). En revanche, les banques de règlement « privées » comportent un risque de contrepartie comme n’importe quelle autre banque commerciale.
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