Les moyens de paiement : Le télé paiement
Les paiements en ligne bénéficient de tous les avantages précédents : simplicité, facilité, automatisation, informatisation, exploitation des données, connaissance de la clientèle. Mais ils posent des problèmes de sécurité qui ne sont pas encore totalement maîtrisés : le hacker est toujours en avance d’une innovation sur les techniques d’encryptage.
Le télétraitement des ordres de paiement ou le télépaiement (paiements électroniques et achats en ligne) sont l’aboutissement d’une longue évolution vers des moyens de paiement et de facturation entièrement dématérialisés. Utilisant tout moyen d’accès à un centre serveur de banque ou de centre de traitement, le support est entièrement électronique et ne nécessite pas de transfert d’un support à l’autre. Une fois numérisé, l’ordre de paiement s’insère dès son émission dans la chaîne de paiement. Enfin le télépaie¬ment dispose d’un contenu informationnel illimité : les acteurs peuvent introduire dans le message toutes les autres informations susceptibles de faciliter son exploitation technique ou commerciale. Ainsi le télévirement « référencé » (TVR) permet d’intégrer des informations commerciales, le règlement se faisant par reroutage vers le serveur de la banque du débiteur.
Le TVR peut ainsi mentionner le numéro de la facture afin d’automatiser les réconciliations, le code barre du produit vendu afin de tenir un état permanent des stocks, la date de valeur du paiement afin d’améliorer la gestion de trésorerie, etc. Une politique tarifaire discriminatoire peut orienter les clients vers une technologie plus performante. Ainsi la Société Générale facture deux fois moins cher un ordre de paiement exécuté par Internet.
Des paiements Internet à la monnaie Internet
L’e.commerce connaît une progression rapide (100 % par an) même s’il ne représente encore qu’une partie marginale des transactions (2 %). Selon un rapport de la Banque de France, il existerait déjà plus de 150 moyens de paiement distincts pour consommer en ligne. En France, au premier trimestre de 2003, le nombre de transactions en ligne a atteint 3,9 millions en hausse de 57,7 % par rapport à l’année précédente en dépit d’une conjoncture défavorable.
Pour le client, le système permet des modes de paiement à distance et à faible coût, sans déplacement, accessible à tout moment, rapides, sans document écrit (network money, wallet technology). Le client maîtrise l’opération de paiement.
Pour le fournisseur (sociétés de transport, sociétés de vente par corres¬pondance, agences de voyages et en général tout site marchand), les coûts initiaux sont élevés mais les coûts de fonctionnement sont très faibles. Les paiements en ligne facilitent le traitement des informations comptables (rapprochement, confirmation, gestion des stocks, trésorerie) et commerciales (habitudes d’achat des clients). Sur la base de ces données, le fournisseur peut diversifier son offre afin de mieux cibler sa clientèle et ses campagnes de promotion, commercialiser ses fichiers en les croisant ou en les partageant avec d’autres fournisseurs.
Pour la banque, les paiements en ligne permettent d’augmenter le volume de transactions (on substitue un moyen de paiement à un autre), d’automatiser entièrement la chaîne de paiement et de réduire les coûts de traitement, d’élargir sa part de marché dans le secteur des paiements et d’augmenter le float, de diversifier ses produits et d’élargir sa clien¬tèle.
Les paiements en ligne sont freinés par les problèmes de sécurité.
D’après le FBI, les pertes financières dues au piratage des informations sont passées de 17 millions de dollars à 54 millions en un an (2002). La carte de crédit étant utilisée pour l’identification du client et le règlement
de la transaction (communication du numéro et de la date de validation), les réseaux de communication sont vulnérables aux interférences.
La carte bleue virtuelle
Le Groupement Carte Bleue étudie un système d’émission qui attribue un numéro différent pour chaque transaction (l’e.Carte Bleue). L’inter- naute doit télécharger un logiciel qui génère automatiquement un nou¬veau numéro de carte pour chaque transaction. Le réseau MasterCard s’est associé à Visa pour définir un standard commun international de paiement sur Internet authentifié et sécurisé qui repose sur le service « Verified by Visa » et la technologie « 3DSecure ». Le risque de fraude est reporté de l’internaute à la banque et de la banque du commerçant à la banque émettrice mieux à même de connaître le débiteur (son client). L’internaute communique à sa banque toutes les informations requises : nom, adresse, coordonnées bancaires, numéro et code confidentiel de Carte Bleue, numéro de téléphone portable. A chaque transaction, Visa interroge le serveur de la banque pour vérifier son identité. Si la banque confirme, elle prend la responsabilité de la transaction. Une autre méthode consiste à ne communiquer que les informations nécessaires à chacun des destinataires et à fragmenter le paiement d’une commande en fonction de la date de livraison des articles. Ainsi le système de l’e.Carte Bleue prévoit deux demandes d’autorisation par numéro (l’une pour véri¬fier la validité de la carte, l’autre au moment de la livraison pour autoriser le montant de la commande), chacun ayant une durée de vie limitée à un mois.
La facturation par les FAI (Fournisseurs d’Accès à Internet)
Les Fournisseurs d’accès connaissent l’identité des internautes qui les utilisent pour accéder au réseau. La facture Internet pourrait donc recen-ser les achats en ligne effectués par son canal dont une partie pourrait être reversée aux sites marchands.
Le téléphone surtaxé
Particulièrement adapté aux micropaiements, ce mode de règlement à la durée est imputé sur la facture téléphonique. Les revenus sont ensuite reversés à l’éditeur du service par l’opérateur télécom moins la rémunéra-tion du réseau.
Public Key In frastructure (PKI)
Les administrations et les entreprises s’accordent pour s’attribuer réci-proquement une signature électronique qui leur donne accès aux services et aux informations de l’autre partie.
Digital Cash
L’objectif est de découpler dans le paiement la création de l’instrument de paiement et l’opération de paiement proprement dite : ainsi sont res
pectés à la fois le principe d’anonymité et le principe de règlement immé¬diat. Le client acquiert un Digital Bearer Certificate (Certificat de Monnaie numérique au Porteur) ou Digital Cash (espèces numériques) d’un unde- rwriter par l’intermédiaire d’un ordre transmis par Internet directement à Yunderwriter, à la banque de garantie de Yunderwriter et à la banque du client. Le bénéficiaire peut utiliser le certificat pour ses achats ou deman¬der le remboursement à Y underwriter qui l’a émis. Le système comprend donc deux types de participants : Yunderwriter qui émet le certificat et gère la liquidité (remboursement du certificat ou échange contre cash) et le trustee en l’occurrence la banque – qui conserve la contrepartie, c’est-à- dire le cash prélevé sur le compte du client et transféré sur un compte ad hoc.
P2P Payments
Le système P2P (Peer-to-Peer ou Person-to-Person) permet de transfé¬rer directement les fonds d’un particulier à un autre en utilisant tout mode de communication électronique. Le paiement direct entre internautes se fait par l’intermédiaire d’une société de paiement. L’internaute ouvre un compte approvisionné par carte de crédit ou par virement. L’acheteur ne communique pas au vendeur son numéro de carte de crédit, mais seule¬ment son adresse e.mail, le montant de la transaction et la devise utilisée. Le cas échéant, une compagnie d’assurance garantit le paiement des internautes qui ne veulent pas communiquer leurs numéros de carte de crédit ou tout simplement n’ont pas de crédit suffisant (les jeunes) pour obtenir une carte de crédit bancaire (aux États-Unis 25 % des consommateurs n’ont pas de cartes de crédit).
Ce secteur est dominé par PayPal, société de micro-paiements par courriel. Le réseau Paypal comprend 8 millions de clients qui traitent chaque jour 7 millions de dollars de transactions. Les transactions doivent être inférieures à 20 dollars. Les coûts de transaction (2,3 % + 30 cents) sont inférieurs à ceux de Visa (2,5 %). Le produit se situe sur le marché du Porte-Monnaie-Electronique. Racheté par e.Bay, le premier site d’enchè¬res sur Internet, Paypal a développé une plate-forme sécurisée pour faciliter les paiements en ligne. Depuis son extension au réseau e.Bay, le système de paiement PayPal aurait un nombre d’utilisateurs de 50 millions et un volume de transactions de 18 milliards de dollars par an.
En 2003, la société américaine MasterCard et l’équipementier finlandais Nokia ont testé un système de paiement par téléphonie mobile à Dal¬las. Les téléphones Nokia équipés de la technologie « PayPass » de Mas¬terCard peuvent être utilisés comme une carte de crédit sans contact. Une fois que l’usager a entré son code sur son téléphone, des bornes de lectures enregistrent automatiquement la transaction par signal radio (magasins, restaurants, etc.).
En France, 24 % des internautes recourent aux services des banques en ligne. Le nombre d’acheteurs sur Internet a plus que doublé en 2002 (+ 114 %), tandis que la population d’internautes n’augmentait « que » de
40 %. En 2002 cinq millions de Français achetaient via Internet ( 1 million de plus que l’année précédente). Bien que la population d’Internautes soit en voie de démocratisation (+ 300 % en un an chez les ouvriers et 150 % chez les employés), le marché serait encore largement sous-exploité.
Selon une étude de EGG Bank, leader sur le marché, les usagers de l’e.banking en France représenteraient 10 millions de personnes en 2007.
Les comportements en matière d’utilisation des moyens de paiement sont inscrits au plus profond de notre inconscient collectif au même titre que les habitudes alimentaires ou les tournures de langage. Cependant la transformation de l’environnement quotidien et des moyens de communication, la révolution des technologies de l’information tendent les diffé-rents systèmes monétaires à se rapprocher. L’évolution des moyens de paiement est ainsi marquée par un certain nombre de constantes :
- – La dématérialisation du support : On est passé de la monnaie fiduciaire à la monnaie scripturale puis à la monnaie électronique, du support papier à un support entièrement dématérialisé, de la monnaie réelle à la monnaie virtuelle, du traitement manuel au traitement informatisé. La dématérialisation des supports permet d’étendre la chaîne de traitement entièrement informatisée et de réduire les coûts au fur et à mesure de l’augmentation des volumes.
- – L’enrichissement des contenus informationnels : L’utilisation des technologies de l’information a augmenté le volume des données véhiculées dans les ordres de paiement, ce qui facilite le traitement des données et l’exploitation des informations collectées à l’occasion des opérations de paiement.
- Le développement des accords d’interopérabilité et d’inter-bancarité : Pour rendre compatibles les moyens de paiement, les infrastructures de traitement et les réseaux de transmission, les accords d’interopérabilité assurent la continuité technologique suivant les procédures STP (Straight Through Processing). Des accords d’interbancarité couvrent les règles de gestion communes, la standardisation des normes bancaires, la convergence des technologies. Ils organisent la concurrence.
- L’extension du champ de la concurrence : Le développement d’infrastructures toujours plus lourdes et plus sophistiquées a eu cet effet para-doxal d’imposer des relations de « coopération/concurrence » entre les banques. Le poids croissant des infrastructures n’est plus à la portée d’un seul établissement. Il doit s’associer aux autres membres de la communauté bancaire pour construire un réseau et financer les innovations. Comme les membres du réseau vendent tous le même produit, il leur faut multiplier les services annexes capables d’enrichir leur offre et d’élargir leur clientèle pour faire la différence avec leurs « associés/concurrents ».
- La diversification de l’offre de moyens de paiement : Sous l’effet de la concurrence, la recherche de plus-values passe par le croisement de produits et de services voisins utilisant les mêmes supports et les mêmes réseaux (assurances, tourisme, réservations, facilités de crédit, gestion de portefeuille, etc,). Cette évolution s’est amplifiée avec le développement des moyens de paiement électronique (cartes de paiement, achats en ligne, portes-monnaies-électroniques). Un instrument combinant les fonctionnalités de la carte et du PME et utilisant des moyens de communication décentralisés (Internet, e.mail, wi-fi, portables) est tout indiqué pour devenir un moyen de paiement universel. Le marché des paiements attire de plus en plus de sociétés privées qui investissent dans le service de transfert direct de personne à personne. Les grands réseaux sont obligés de suivre. Après MasterCard, Visa a lancé le produit Visa Direct destiné aux particuliers (P2P) puis Visa Commerce pour les paiements interentreprises (B2B).