Le risque de marché des systèmes de paiement
Il y a risque de marché lorsque les conditions du marché qui déterminent le cours des actifs échangés (ou déposés en garantie) ont varié entre le moment où la transaction est conclue et le moment où la défaillance est constatée. Le risque de marché s’applique quand la transaction comprend deux opérations adossées l’une à l’autre telles les opérations de change et les opérations sur titres et que l’exécution des deux parties (legs) de la transaction n’est pas simultanée.
Le risque de marché porte sur la totalité du montant de l’opération (capital risk) et sur le coût de remplacement (replacement cost risk). Le risque en capital résulte de la non-exécution d’une des deux parties de la transaction. Le coût de remplacement tient au changement des conditions de marché entre le moment où l’opération aurait dû être finalisée et le moment où la défaillance ayant été constatée, le collatéral devient mobilisable.
Dans une opération de change (PVP ou Payment v. Payment) si la partie non défaillante a réglé de façon irrévocable sa partie de la transaction alors que la partie défaillante n’a pas exécuté la sienne, le risque porte sur la totalité de la transaction. Si la partie non défaillante n’a pas réglé sa partie de la transaction mais n’a pas reçu la contrepartie, le risque porte sur le coût de remplacement. La partie non défaillante doit retourner sur le marché pour se procurer les devises qui lui manquent. Elle risque d’enregistrer une perte (ou un profit) sur le coût du principal et sur les coûts de remplacement.
Le « risque Herstatt » fait référence à la défaillance de la Bankhaus Herstatt en 1974, une banque familiale allemande spécialisée dans les opérations de change. Face à des difficultés croissantes de trésorerie, la banque a tenté de se procurer de la liquidité au moyen d’opérations de change. Elle vendait du dollar (qu’elle empruntait à New York) contre du mark (qu’elle empruntait à Francfort). Le montant de ses encours augmentait de jour en jour et la banque acceptait des conditions de plus en plus mauvaises (hors marché). Quand il s’est confirmé que les autres banques ne voulaient plus lui prêter et que la banque ne pourrait pas honorer ses obligations, la Bundesbank a décidé de suspendre les opérations de la Banque Herstatt. Mais cette décision a pris effet en fin de matinée. À cette heure, les banques allemandes avaient versé les deutsche-marks à la Banque Herstatt alors que, du fait du décalage horaire, la banque Herstatt n’avait pas encore versé la contrepartie en dollars sur les comptes des banques allemandes auprès de leurs correspondants américains aux Etats-Unis.
Le « risque Herstatt » est propre aux opérations de change . La finalisation de la transaction implique deux systèmes de paiement de deux monnaies traitées dans deux pays différents (en l’occurrence Francfort et New York). Notons qu’une opération sur titres peut aussi comprendre une opération de change si les titres cédés sont libellés en devises ou si l’une des parties (ou les deux) est non résidente.
Dans une opération sur titres, le risque porte à la fois sur la livraison des titres et le paiement du cash. Si l’opération initiale (livraison des titres ou paiement du cash) est irrévocable, l’opérateur a un risque sur le montant total de la transaction (capital risk). Si l’opération initiale n’est pas irrévocable, l’opérateur subit néanmoins un risque de marché. En cas d’achat de titres non livrés, l’acheteur doit retourner sur le marché pour se procurer les titres à des conditions différentes. En cas de vente des titres non payés, l’opérateur doit revendre les titres aux nouvelles conditions.
Vidéo : Le risque de marché des systèmes de paiement
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